Un petit tour et puis s'en va!
Lorsqu'on évoque le cyclisme et ses champions, les premiers noms qui viennent à l'esprit sont Eddy Merckx, Bernard Hinault, Fausto Coppi, Miguel Indurain ou encore Lance Armstrong (quoi que son image soit quelque peu ternie ces derniers temps...). Que du lourd niveau palmarès! Pourtant il existe une autre catégorie de champions, les invités surprises. Dans cette catégorie on retrouve des vainqueurs étonnants, qu'on attendait pas à ce niveau et qui ont réalisé l'exploit une fois (ou presque) dans leur carrière, sur des courses importantes, avant de disparaitre des podiums. Petit top 10 de ces coureurs d'une course.
10-René Pottier (né le 05 juin 1879), vainqueur du Tour de France 1906
Le cas du natif de Moret-sur-Loing (en Seine et Marne) est quelque peu diffèrent de celui des autres membres de ce top 10. En effet le coureur de l'équipe Peugeot faisait clairement office de grandissime favori de la 4ème édition de la grande boucle. On parle en effet d'un athlète hors norme, doué sur la piste, où il détiendra un temps le 2ème temps record de l'heure (40,34 km en 1904) et le record du kilomètre et remportera le Bol d'or 1906 (course de 24 h où il effectua 925,2 km pour s'adjuger la victoire).
Pottier avait également de grandes dispositions sur route: en 1905, pour son 1er Tour de France, il va remporter la 1ère étape de la grande boucle, le lendemain il franchira seul le ballon d'Alsace, 1er col de l'Histoire du Tour, ce qui lui vaudra la 3ème place de l'étape et le titre honorifique de "premier grand grimpeur de l'Histoire du cyclisme". Malgré cet exploit, et sa première place au général, René Pottier est contraint à l'abandon dans la 3ème étape, pour cause de tendinite.
Malgré ces faits d'armes le palmarès sur route du grimpeur restait vierge à l'orée du Tour de France 1906. Qu'à cela ne tienne, Pottier allait y écraser la concurrence: 5 victoires et 3 podiums sur 13 étapes disputées, avec notamment un numéro exceptionnel dans la 3ème étape entre Nancy et Dijon (à la longueur dantesque de 416 km!), au cours de laquelle les coureurs passèrent de nouveau au ballon d'Alsace, Pottier va de nouveau y lâcher tous ses adversaires dans la montée, et franchira la ligne d'arrivée au bout de 15h18 de course et avec 48 minutes d'avance sur son dauphin! Cet écart, aussi important soit il, avait finalement peu d'importance car, à l'époque, le classement général était fixé aux points, en fonction du classement à l'arrivée, et non des écarts chronométriques. Malgré cela Pottier, fort de ses 8 podiums sur 13, remporte haut la main le Tour de France 1906, à ce moment là personne ne se doute que ce sera sa seule victoire sur route!
Car le grimpeur sera retrouvé pendu le 25 Janvier 1907, dans un hangar de l'équipe Peugeot, à Levallois-Perret, geste fatal sans doute dû à un chagrin d'amour. Le Tour de France restera donc sa seule victoire.
9-Jean-Pierre Monseré (né le 08 septembre 1948), Champion du monde 1970
Jean-Pierre Monseré est né à Roulers (Belgique), c'est peu dire qu'il était prédestiné au cyclisme! Le coureur belge présente un profil assez similaire à celui de Pottier, à savoir un début de carrière foudroyant, stoppé net par la destin.
Alors certes au départ des championnats du monde 1970 Jempi comme il était surnommé, n'était pas le grandissime favori de l'épreuve, ce rôle étant dévolu au vainqueur de l'édition précédente, son compatriote Eddy Merckx, "le cannibale" qui sur cette seule année 1970 avait déjà remporté le championnat de Belgique, le Tour d'Italie (avec 3 étapes), le Tour de France (avec 9 étapes!), le tour de Belgique, Paris Roubaix, la flèche wallonne et Gand-Welgem, excusez du peu! Malgré tout Monseré était loin d'être un inconnu, en à peine un an de professionnalisme il avait déjà acquis une certaine réputation. Dès sa première classique disputée, le Tour de Lombardie 1969, il se classera 2ème, mais le néerlandais Karstens, vainqueur du jour, sera finalement déclassé pour dopage, permettant à Monseré d'écrire la première ligne de son palmarès. Cependant le tempérament bouillant du jeune belge ne pouvait se contenter d'une victoire sur tapis vert. L'année suivante c'est donc auréolé d'une flatteuse réputation que Monseré débarque à Leicester pour y disputer les championnats du monde, outre sa "victoire" au Tour de Lombardie, Monseré peut se targuer d'une 2ème place aux championnats du monde amateurs de 1969, derrière le danois Leif Mortensen. En 1970 les rôles seront inversés, le danois finissant dauphin de Monseré, qui devient donc champion du monde professionnel à moins de 22ans. Le 3ème est l'italien Felice Gimondi ( 3 Tours d'Italie, 1 Tour de France, 1 Tour d'Espagne et 1 championnat du monde remportés dans sa carrière), qui dans le final du circuit viendra tenter d'intimider le jeune belge, c'était sans compter sur le mental de guerrier de Monseré. Ce sacre mondial sera le dernier trophée d'envergure du coureur de l'équipe Flandria (seul le tour d'Andalousie 71 complétera son palmarès). Car le 15 mars 1971, lors d'un critérium à Retie, une voiture ayant échappé à la sécurité, et roulant
en contre-sens, viendra le percuter de plein fouet, Jempi décédera sur le coup, victime d'une fracture du crâne.
Sa mort stoppa la carrière de celui en qui beaucoup d'observateurs voyait le futur challenger de Merckx, de 3 ans son aîné. A l'annonce de sa mort le "cannibale" lui rendra hommage en déclarant: " J'étais détruit. Jean-Pierre était extrêmement doué. Sur les courses d'un jour, il autrait été l'un de mes adversaires les plus coriaces. Cette journée reste une des plus noires de ma carrière."
8-Lucien Aimar (né le 28 avril 1941), vainqueur du Tour de France 1966
Lucien Aimar, en jaune, à côté de Jacques Anquetil
Si le varois peut se targuer d'un palmarès honnête durant sa carrière, il a notamment été champion de France 1968, a remporté les 4 jours de Dunkerque 1967 et a fait quelques places d'honneur, ce palmarès reste somme toute assez modeste, équivalent à celui d'un banal Eddy Seigneur en terme de grandes victoires (également champion de France et vainqueur aux 4 jours de Dunkerque). Mais l'exploit de la carrière du coureur de Ford France reste le Tour de France 1966. Les favoris de cette grande boucle sont Jacques Anquetil, leader de la formation d'Aimar (5 Tours de France remportés) et Raymond Poulidor (8 fois sur le podium du Tour, le premier en 1962, le dernier en 1974, jamais vainqueur), pourtant les deux seigneurs de l'asphalte seront finalement devancés, à la surprise générale, par Lucien Aimar, les deux favoris de l'épreuve se sabordant dans les Pyrénées en concédant 7 minutes à un groupe d'une vingtaine d'hommes lors de l'étape Bayonne-Pau, parmi lesquels se trouvait Aimar. Le français qui dispute son deuxième tour, il avait abandonné dans le premier, bénéficiera par la suite de l'aide précieuse d'Anquetil, le quintuple vainqueur du Tour n'hésitant pas à se sacrifier pour permettre à son coéquipier de devancer Jan Janssen (futur vainqueur du Tour de France 1968) et, surtout, Poulidor, qui finira une fois de plus sur le podium. Anquetil se sacrifia tellment qu'il abandonnera lors de la 19ème étape, il ne participera plus jamais au Tour de France. Cette victoire acquise à seulement 25 ans semble annoncer une grande carrière pour Aimar, malheureusement le natif de Hyères ne réalisera plus jamais de performances du même accabit, plafonnant à la 6ème place de la grande boucle.
7-Eric Caritoux (né le 16 août 1960), vainqueur du Tour d'Espagne 1984
C'est l'Histoire d'un mec qui fut prophète dans son pays. Le natif de Carpentras, dans le Vaucluse, remporta le Tour du Vaucluse en 1982, le Tour du haut-Var en 1984 et en 1991 et les titres de champion de France 1988 et 1989. Sur ses 24 victoires sur le circuit, 22 eurent lieu en France, les 2 autres? Le sommet de sa carrière, tout simplement: une étape et le classement général du Tour d'Espagne 1984.
Le vauclusien, élevé au pied du mythique Mont Ventoux, où il entretient des vignes depuis ses débuts dans le cyclisme, créa la surprise dans cette vuelta. En effet les favoris étaient Pedro Delgado (3 victoires et 8 podiums dans les grands Tours dans sa carrière), Marino Lejarrata (vainqueur en 1982 et second en 1983) ou encore Francesco Mozer (vainqueur du Tour d'Italie 1984 et auteur de 6 podiums du Giro au total). Au départ de ce Tour d'Espagne 1984 Carritoux a pour seules références une 24ème et une 14ème place au Tour de France, ce qui est loin d'en faire un favori à la victoire finale. Malgré cela il parvient à remporter la 7ème étape et à endosser le maillot de leader au soir de la 12ème étape. Il réussira ensuite à maintenir son avance pour remporter la victoire finale avec seulement 6 malheureuses secondes d'avance sur Alberto Fernandez Blanco, record du plus petit écart à l'arrivée d'un grand Tour.
Cette victoire sera remportée malgré les tentatives de déstabilisation, comme le raconte son directeur sportif chez Skil-Reydel, Christian Rumeau: "Le directeur sportif de Fernandez est intéressé pour acheter la Vuelta...", on parle d'une offre de 100 000 francs, que Caritoux refusa.
Après cette victoire, il ne remporta plus jamais de course à l'étranger.
6-Rudy Dhaenens (né le 10 avril 1961), champion du monde 1990
L'histoire de Rudy Dhaenens est celle d'un coureur souffrant d'un manque de chance évident. Dans la seconde moitié des années 1980, le belge a collectionné les places d'honneur dans les classiques, ainsi entre 1985 et 1990 il finira 5 fois sur 6 dans les 10 premiers de Paris-Roubaix, en 1985 il terminera 3ème des championnats de Belgique, en 1987 il prend la 6ème de Gand-Wevelgem, course où il finira également 8ème l'année suivante, il se classe également 7ème de Milan-San Remo et 4ème du Het Volk en 1988, enfin il sera 2nd du Tour des Flandres 1990. Toujours placé, jamais gagnant en somme, si bien qu'avant les championnats du monde de 1990, son palmarès se composait uniquement de courses confidentielles comme la course des raisins, le circuit Mandel-Lys-Escaut ou encore une étape du Tour du Luxembourg. Pourtant lors de ces championnats à Utsunomiya, au Japon, Dhaenens va, enfin, connaitre son heure de gloire, en devançant au sprint son compagnon d'échapée, son compatriote Dirk de Wolf, s'adjugeant ainsi la tunique arc-en-ciel. Les deux fuyards arrivèrent avec seulement 8 secondes d'avance sur le groupe des favoris, composé, entre autres, de Bugno, Kelly, Jalabert, Lemond et Indurain.
Ces championnats du monde seront la seule grande course remportée par le belge, par la suite la poisse le rattrapera, de façon plus tragique, puisqu'en juin 1992 il fut contraint de prendre prématurément sa retraite, à cause de problèmes cardiaques. Le sort continuera de s'acharner contre lui puisque, le 06 avril 1998, il décède dans un accident de la route, à quelques jours de son 37ème anniversaire.
5-Romans Vainsteins (né le 03 mars 1973), champion du monde 2000
Le letton Vainsteins a connu son heure de gloire le 15 octobre 2000, à Plouay, en remportant au sprint les championnats du monde, et en devançant notamment l'immense favori du jour, l'espagnol Oscar Freire (3ème au final), l'empêchant ainsi de réaliser l'exploit inédit de remporter 3 championnats du monde consécutifs, l'espagnol ayant triomphé à ceux de 1999 et remportant par la suite ceux de 2001, ainsi que, plus tard, ceux de 2004.
Si Vainsteins avait connu un début de carrière intéressant avec quelques places honorifiques (5ème de Gand-Wevelgem, 3ème du Tour des Flandres, 4ème de l'Amstel gold race, 3ème de la classique San Sebastian,...), la présence à cette époque de véritables seigneurs du sprint tels que Zabel, Cipollini et Freire donc, l'empêcha de remporter de grandes courses, ses principales victoires ayant lieu en 1999 avec un titre de champion de Lettonie, une étape du Tour d'Italie et la victoire dans Paris-Bruxelles, rien de transcendant malgré tout.
Beaucoup d'observateurs pensèrent que sa victoire aux championnats du monde 2000 allait lui servir de déclic et qu'à 27 ans sa carrière allait prendre une nouvelle envergure, il n'en fut rien. En effet, après son titre de champion du monde Vainsteins ne remporta que 3 courses, la plus prestigieuse étant une étape du Tirreno-Adriatico 2001.
Il stoppa précocement sa carrière professionnelle, à la fin de la saison 2004, à seulement 31 ans, pourquoi? Parce que son contrat avec l'équipe Lampre arrivait à son terme et que personne ne lui proposa de nouvelle aventure, signe d'un déclin rapide. Quatre ans après son sacre à Plouay, Vainsteins retourna alors travailler avec son frère, dans leur entreprise de meubles.
4 Harm Ottenbros (né le 27 juin 1943), champion du monde 1969
L'année précédente le titre de Jean-Pierre Monseré, un autre coureur, encore plus inattendu que le belge, est venu s'intercaler au palmarès des championnats du monde, au milieu de l'hégémonie Merckx, il s'agit du néerlandais Harm Ottenbros, coureur de l'équipe Willem II-gazelle à l'époque. Avant cette victoire, ses seuls faits d'armes furent 2 étapes glanées sur le Tour de Suisse et une sur le Tour de Belgique, après son titre sa seule victoire "significative" sera une étape du Tour du Luxembourg, ses autres victoires ayant lieu dans de petits critériums, autant dire que le palmarès du natif d'Alkmaar fleurait bon l'anonymat. Mais au milieu de quasi-néant niveau palmarès, Harm Ottenbros va réussir à passer à la postérité en remportant les championnats du monde 1969 à Zolder (Belgique). Dans un parcours sans difficultés, les favoris vont se neutraliser, laissant une échappée se développer à 30km de l'arrivée, les 2 fuyards se nomment Ottenbros donc et le belge Julien Stevens, un domestique (nom donné à l'époque aux équipiers) de Merckx, avec un palmarès guère plus étoffé que son compagnon d'échappée. Les deux quasi-inconnus vont finalement se disputer la victoire final au sprint, et c'est finalement Ottenbros qui remportera le maillot arc-en-ciel et l'honneur de figurer dans ce top10!
3-Heinz Muller (né le 16 septembre 1924), champion du monde 1952
Le début des années 1950 fut prolifique en grands champions du monde, jugez plutôt:
-1950: Albéric Schotte remporte ses 2èmes championnats du monde, après ceux de 1948
-1951:Ferdinand Kubler: vainqueur du Tour de France 1950, du maillot vert 1954, de 4 classiques et de 3 Tours de Suisse
-1953:Fausto Coppi: 7 grands Tours à son actif, 4 championnats d'Italie et 10 classiques majeures
-1954:Louison Bobet: 3 Tours de France, 5 classiques majeures et 2 championnats de France.
Et en 1952 direz vous? L'exception qui confirme la règle, car le 24 août 1952 c'est un illustre inconnu qui remporte les championnats du monde à Luxembourg, Heinz Muller. Un coureur ouest-allemand dont les seuls exploits jusque là étaient une 4ème place aux championnats d'Allemagne et une 2ème place au Tour du lac Léman 1951. Contrairement à la plupart de nos autres membres du top 10, Heinz Muller ne va pas connaitre son jour de gloire grâce à une échappée, puisqu'il va en effet régler au sprint un groupe de 33 coureurs, parmi lesquels se trouvaient des favoris tels que Bobet, Bartali, Robic et Kubler. Dans l'euphorie de sa victoire, Muller remportera les championnats d'Allemagne 1953, puis disparaitra de la circulation. Il décédera en 1975, restant à ce jour la plus grande surprise des championnats du monde
2-Carlo Clerici (né le 03 septembre 1929), vainqueur du Tour d'Italie 1954
Clerici, italien d'origine et naturalisé suisse en 1954 est LA surprise du Tour d'Italie 1954. Au départ de cette 37ème édition du Giro le coureur de l'équipe Guerra a pour seul objectif d'épauler son leader Hugo Koblet (2ème du Tour d'Italie l'année précédente et déjà vainqueur d'un Tour de France et d'un Tour d'Italie) à vaincre le grandissime favori de l'épreuve, le mythique Fausto Coppi (déjà vainqueur de 2 Tours de France, 5 Tours d'Italie, dont les deux dernières éditions, et des championnats du monde quelques mois plus tôt). Le seul outsider semblant en mesure de s'immiscer dans le duel était l'italien Fiorenzo Magni (vainqueur de 3 Giros dans sa carrière et de 3 championnats d'Italie, dont celui de 1953). Carlo Clerici se présente, quant à lui, avec pour seules références une victoire au grand prix de Suisse 1952 et une 3ème place au Tour de Suisse 1952, il a également participé deux fois au Tour d'Italie, pour des résultats très mitigés, en 1952 il termine 23ème et il abandonne en 1953. Autant dire que ses chances de victoire finale sont quasi inexistantes, elles semblent même réduites à néant au terme de la 1ère étape, un contre-la-montre par équipe au cours duquel l'équipe Bianchi de Fausto Coppi prend 4 minutes à l'équipe Guerra de Koblet et Clerici. Pourtant, dès le lendemain, le néo suisse va se replacer en finissant dans une échappée arrivée 11 minutes avant le peloton. Mais le véritable tournant de ce Tour d'Italie, et de la carrière de Carlo Clerici, a lieu lors de la 6ème étape, entre Naples et L'Aquila, au cours de laquelle le suisse va participer à une "fuga bidone" (qui désigne dans le jargon italien une échappée qui ne semble pas dangereuse au reste des concurrents, qui s'aperçoivent trop tard qu'elle est destinée à aller au bout avec une grande avance), il remporte l'étape devant ses 4 compagnons d'échappée, avec près de 30 minutes d'avance sur le peloton! Confortablement installé en tête du classement général, Clerici voit les rôles s'inverser, son ancien leader Koblet se muant en équipier de luxe et l'aidant à remporter le Giro en gérant son avance, il triomphera finalement avec 24 minutes d'avance sur Koblet et 31 minutes sur le grand Coppi, 4ème à l'arrivée. Clerici retombera rapidement dans l'anonymat, terminant 26 ème du Tour d'Italie 1955 et abandonnant en 1956, sa seule victoire acquise après son succès surprise aura lieu en 1956, au grand prix de Zurich, sa ville natale.
1-Roger Walkowiak (né le 02 mars 1927), vainqueur du Tour de France 1956
Walkowiak, au 1er plan, et Gaul, au 2nd plan
Le natif de Montluçon termine 1er de notre top 10, quoi de plus normal pour un coureur qui créa une surprise telle que celle-ci rentrera dans le jargon cycliste, en effet "un Tour à la Walkowiak" désigne une victoire finale née de circonstances de course inattendues, un Tour gagné sans panache par un second couteau. Cette expression est un petit peu cruelle pour le coureur de l'équipe Nord-Est-Centre, mais correspond parfaitement au scénario de son Tour de France 1956. En effet au départ de cette 43ème édition de la grande boucle, et en l'absence du triple vainqueur Louison Bobet, les favoris se nomment Federico Bahamontes ( qui remportera un Tour de France et sera 6 fois meilleur grimpeur) et Charly Gaul (vainqueur du Giro cette année là, 3ème du Tour de France en 1955 et qui remportera un autre Giro et le Tour de France 1958). Walkowiak ne fait même pas partie des outsiders, ses deux seules participations au Tour de France s'étant soldées par une 57ème place en 1951 et une 47ème place en 1953, avec respectivement 3h27 et 1h52 de retard sur le maillot jaune, aucune course majeure n'apparaissait non plus à son palmarès, celui-ci étant seulement mis en relief par ses 2ndes places à Paris-Nice 1953 et au Dauphiné libéré 1955. Pourtant, lors de la 7ème étape de ce Tour 1956, entre Lorient et Angers va terminer, accompagné de 32 autres coureurs, avec 18 minutes d'avance sur le peloton. A la surprise générale, et aussi un peu parce qu'il se battit comme un lion, Walkowiak parvint par la suite à se maintenir dans le haut du classement général, jusqu'à la 18 ème étape où il ravit le maillot jaune, pour ne plus le rendre, au prix d'une étape dantesque où il se classa 5ème, dans le même temps que Bahamontes, mais à 7minutes 30 de Charly Gaul. L'auvergnat remportait ainsi un Tour de France 1956 étrange, qui compta 6 leaders diffèrents, aucune arrivée au sommet de grands cols, des défaillances terribles et une vitesse moyenne record pour l'époque (36,512 km/h), à ce petit jeu Walkowiak parvint à être plus régulier que ses adversaires. Après ce succès il ne fera pratiquement plus parler de lui, se contentant d'une victoire d'étape au Tour d'Espagne 1957, où il finira 15ème. Il reviendra 2 fois sur le Tour de France, en 1957 il abandonnera et en 1958 il terminera 75ème, à 3h43 du vainqueur, Charly Gaul, et seulement 6 minutes devant la lanterne rouge, quittant ainsi tristement l'épreuve qui l'a fait roi. Après sa retraite sportive il ouvre un bar, mais lassé des questions suspicieuses sur sa victoire surprise en 1956, il retourne à son métier d'origine, ouvrier à l'usine, coupant les ponts avec un monde du cyclisme qu'il accuse de minimiser et moquer son exploit.
1bis-Oscar Pereiro, vainqueur à postériori du Tour de France 2006:
Oscar Pereiro est un mélange de vainqueur à la Walkowiak et d'un champion type des années 2000, c'est à dire un vainqueur déclaré à postériori grâce aux progrès dans la lutte anti-dopage.
En effet avant le départ de la grande boucle 2006, le coureur espagnol avait un palmarès peu étoffé, se résumant pratiquement à une victoire lors de la classique des Alpes 2004 et au gain d'une étape du Tour de France. Si ses deux premières participations au Tour de France s'étaient soldées par deux 10ème places, rien ne laissait penser que le coureur de la Caisse d'épargne pouvait se hisser au sommet du palmarès, en atteste le fait qu'il était destiné à être au service de son leader, Alejandro Valverde.
Toutefois la hiérarchie de ce Tour 2006 s'annonçait très floue puisque Armstrong, le septuple champion en titre venait de prendre sa retraite, et que Ullrich, Basso, Mancebo et Vinokourov, soit les 2nd, 3ème, 4ème et 5ème de l'édition précédente, étaient tous absents car mis en cause de façon plus ou moins directe dans l'affaire Puerto, affaire de dopage à grande échelle qui ébranlait le cyclisme de l'époque. Outre Valverde, les autres favoris de cette étrange édition étaient donc Sastre, Kloden et Menchov. Le sort voulut que Valverde chute et abandonne dès la 3ème étape, ce qui semblait être une aubaine pour Perreiro, propulsé leader de l'équipe Caisse d'épargne. Las, après le passage des Pyrénées, le coureur espagnol compte près de 30min de retard sur l'américain Floyd Landis, l'affaire semble mal embarquée! Mais lors de la 13ème étape, il va considérablement améliorer ses chances, en finissant 2nd d'une échappée fleuve avec Voigt, Pereiro reprend 29min57 à ses adversaires et s'empare du maillot jaune, avant d'attaquer les Alpes, où il livrera un combat homérique avec Landis. Lors de la 15ème étape, dont l'arrivée était jugée à l'Alpe d'Huez, Landis récupére le maillot pour 10 secondes. Mais le lendemain l'américain va subir une terrible défaillance, concédant 9min à Perreiro et semblant perdre toute chance de victoire.Pourtant dès l'étape suivante, la 17ème donc, coup de thêatre, Landis va renaitre de ses cendres, s'imposant en solitaire à Morzine avec 6min d'avance sur son dauphin, et 7min30 sur Perreiro! L'espagnol conserve le maillot jaune mais voit Landis revenir à 30 secondes au général. Le contre-la-montre de l'avant-dernière étape va permettre à Landis de dépasser son adversaire et de triompher à Paris, avec 57 secondes d'avance sur Perreiro, héros malheureux de se Tour 2006. Mais la course se terminera seulement quelques semaines plus tard, lorsque, suite à un contrôle positif à la testostérone au soir de l'étape de Morzine, Landis sera disqualifié et Perreiro déclaré vainqueur du Tour de France 2006. Après cette victoire sur tapis vert, Perreiro ne réalisera plus de grands exploits, terminant de nouveau 10ème du Tour 2007 et abandonnant en 2008, dans ce qui sera son dernier Tour, il prendra finalement sa retraite en 2010.
Bonus: Les vainqueurs de classiques:
Beaucoup de seconds couteaux ont remporté des grandes classiques. Courses d'un jour par excellence, les classiques sont parfois éloignées des pics de forme des champions et sont favorables à des coups de Trafalgar tactiques, favorisant ainsi les victoires d'illustres anonymes du peloton. Nous nous contenterons ici d'en citer 3, qui ont triomphé ces 25 dernières années, la liste des surprises étant fournie.
*Jean-Marie Wampers: Le belge de l'équipe Panasonic remporte Paris-Roubaix 1989, en devançant Dirk de Wolf (le même qui sera battu par Dhaenens, un an plus tard aux championnats du monde) et un groupe où se trouvait les 3 futurs vainqueurs de l'épreuve, Planckaert(1990), Madiot(1991) et Duclos-Lassale(1992 et 1993). La seule référence de Wampers avant cette course était une victoire d'étape aux 4 jours de Dunkerque, ensuite il ne remportera aucune course majeure.
*Vladislas Bobrik: Le russe n'a pas eu un palmarès très épais, seulement 4 victoires dans toute sa carrière professionnel. Ses victoires? Une étape du Tour d'Aragon, le mémorial Josef Vogli et un contre-la-montre de Paris-Nice. C'est donc à la surprise générale que le coureur Gewiss remporte le Tour de Lombardie 1994, devant Claudio Chiappucci et Pierre Richard (vainqueur de l'édition précédente).
*Gabriele Colombo: Deuxième coureur de l'équipe Gewiss à créer la surprise sur une grande classique, l'italien remporte Milan-San Remo 1996, avec une seconde d'avance sur ses 3 compagnons d'échappée et une trentaine sur le groupe des favoris, composé notamment de Baldato, Cippolini, Museeuw et Tchmil. Le reste de sa carrière? Une petite dizaine de victoires, les plus prestigieuses étant une étape du Tour du pays Basque et le général du Tour de Calabre, des courses d'un niveau clairement inférieur.
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