Mondoculture, le blog des découvertes

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4- L'impact décisif des Code Talkers amérindiens

L’attaque de Pearl Harbor, en décembre 1941, marque l’entrée des États-Unis dans la Seconde guerre mondiale, et, par ricochet, le début de la guerre du Pacifique entre les alliés, menés par les Américains, et l’axe, guidé par le Japon. Guerre qui fera près de 33 millions de morts, dont environ 25 millions de civils.

Dans ce conflit, une technologie va jouer un rôle fondamental : la radio. Les transmissions radio étaient essentielles : elles permettaient les communications, les mouvements de troupe, l’organisation tactique, l’information sur les positions de l’ennemi, etc...

Problème pour les Américains, le code qu’ils utilisaient pour ces échanges radio était émis en anglais, ce qui le rendait facilement déchiffrable par leurs ennemis, pénalisant fortement l’armée US au début de la guerre.

 

Pour pallier ce problème un ingénieur civil, Philip Johnston, a une idée. Ce californien a la particularité de comprendre le Navajo, la langue de ces Indiens vivant au Sud-Ouest des États-Unis. Ce qui est rare : seuls 28 non-Navajos maîtrisent cette langue très difficile. Johnston l’a apprise enfant en vivant quelques années dans la réserve indienne avec son père, missionnaire protestant. En 1942, il propose d’utiliser la langue Navajo pour coder les messages radios dans le Pacifique. Son idée n’était pas la première du genre. En 1918, lors de la première guerre mondiale, un officier américain avait déjà utilisé 4 de ses soldats Comanches pour rendre les transmissions radio de son bataillon totalement incompréhensibles aux oreilles allemandes.

 

En 1942, Johnston ambitionne un projet à plus grande échelle. Face au scepticisme des généraux américains quant à la capacité des Navajos à faire de bons transmetteurs radio, il effectue un test dans des conditions de combats. Les machines utilisées par l'armée mettaient environ 30 minutes pour coder, transmettre et décoder un texte de 3 lignes, les Navajos vont mettre seulement 20 secondes ! Cette fois l’armée américaine est convaincue !

 

En avril 1942, 29 Navajos bilingues commencent leur entraînement militaire et leur formation radio. En parallèle, ils sont chargés de créer le nouveau code secret : « Le code Navajo ». Pour les communications sur des événements militaires, le vocabulaire Navajo ne comportant pas toujours les mots adéquats, ils utilisèrent le champ lexical de la nature : aigle d’argent (atsa-besh-le –gai en Navarro) désignait un colonel, grand vent (Nil-chi-tso) évoquait le mois de novembre, tandis que colibri (Da-he-tih-hi) se rapportait à un avion de chasse.

Pour les mots imprévus ou pour épeler des noms propres, un alphabet fut créé, ainsi le terme Navajo « Klizzie » correspondait à la lettre G, 1ère lettre de sa traduction en anglais : Goat (chèvre), Gah (Rabbit en anglais) correspondait à la lettre R, etc...

Ce code ingénieux n’était donc pas compréhensible, même pour un Navajo non-initié, qui pouvait seulement comprendre les termes mais sans les décoder. C’est pourquoi, lorsqu’un soldat navajo fut capturé par les Japonais lors de la bataille de Bataan (Philippines), ces derniers eurent beau le torturer, le malheureux fut incapable de décrypter le message qu’on lui présentait.

 

Une partie du fameux code Navajo

 

Pour des raisons de sécurité, les code talkers (« ceux qui parlent le code ») apprirent par cœur les 210 mots du code Navajo, permettant ainsi qu’aucun code écrit ne soit présent dans le Pacifique, et ne tombe aux mains des Japonais.

Les premiers transmetteurs Navajos arrivèrent dans le Pacifique en septembre 1942, ils sont alors intégrés à la 1ère division et basés à Guadalcanal. Bientôt, ils se rendent au cœur des combats et leurs effectifs augmentent, pour atteindre un total de 402. Pour éviter qu’ils ne tombent aux mains des Japonais, chacun d’eux était protégé par un garde du corps personnel. Le savoir-faire et la réactivité de ces transmetteurs furent décisifs à maintes reprises, comme en témoigne le major Connor dans son rapport sur la bataille d'Iwo Jima. Il y loue l’immense travail accompli par les six Code talkers Navajos, qui se relayèrent sans interruption pendant les deux premiers jours de la bataille, pour lui « Sans les Navajos, les Marines n’auraient jamais pris Iwo Jima ».

 

Navajo-code-talkers2.jpgCode talkers Navajos opérant dans le Pacifique

 

Aucun de ces code talkers ne fut capturé par l'ennemi et le code Navajo fut le seul code qui ne fut jamais décrypté par les Japonais. Il fut réutilisé pendant la guerre de Corée et ne fut révélé qu’en 1968, lors de la déclassification du programme.

Reagan leur rendit hommage en 1982 en consacrant le 14 août journée nationale des radio-codeurs navajos. À son niveau John Woo leur rendit aussi hommage en 2002 avec son film « Windtalkers ». Quelques années plus tard, en juin 2014, est mort Chester Nez, le dernier survivant de ces transmetteurs navajos.

 

D'autres amérindiens s'illustrèrent dans la guerre 39-45 : des Comanches, Choctaws, Cherokees, Lakotas ou encore Renards ont également créé des codes dans leurs langues, pour les communications sur le front européen.

A ce titre, 13 code talkers Comanches ont participé au Débarquement en Normandie. Pour l’anecdote, ils envoyèrent le premier message transmis aux navires depuis Utah Beach le 06 juin 1944 était un message codé : "Tsaakù nttnnuwee. Atahtu nùnnuwee" (Le débarquement se passe bien. Nous avons débarqué au mauvais endroit).

 

 code talkers.jpgLes Code Talkers Comanches ayant servi en Normandie

 

 

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23/11/2014
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