Mondoculture, le blog des découvertes

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De Gaulle se raconte

Charles De Gaulle est sans contestation possible l’une des personnalités françaises, et même mondiales, les plus influentes du XXème siècle. Il est un acteur majeur de plusieurs événements marquants de notre pays : la résistance durant la 2nde guerre mondiale, la libération, la guerre d’Algérie, la mise en place de la Vème république ou encore mai 68. Né le 22 novembre 1890, « le grand Charles » embrassa plusieurs carrières, tour à tour militaire, résistant, écrivain et homme politique. Ce touche-à-tout était doté d’un très grand sens de la répartie et de la formule. Ainsi la plupart des grandes étapes de sa vie, et surtout de sa vie politique, sont illustrées par une de ses citations célèbres, retour sur son parcours avec 10 de ses citations.

 

 

 

"La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre !"

 

La 1ère phrase célèbre de De Gaulle est publiée alors qu’il a déjà près de 50 ans, et une belle carrière militaire derrière lui. Ses premiers faits d’armes remontent à la 1ère guerre mondiale, où il est plusieurs fois blessé, avant d’être fait prisonnier par les Allemands, en 1916. Durant ses deux ans de captivité, il fera 5 tentatives d’évasions, sans succès. Après l’armistice il rentre en France, et se marie en 1921, avec Yvonne Vendroux. Les années suivantes, il gravit les échelons militaires, pour se retrouver colonel à l'aube de la seconde guerre mondiale.

 

 

 

Le 14 mai 1940, en pleine offensive allemande, De Gaulle est promu à la tête de la 4e divi

sion cuirassée, celle-ci sera une des seules à résister efficacement aux nazis. Dans la foulée il devient Général et est nommé, le 5 juin, sous-secrétaire d’État à la Défense. Mais la guerre est déjà perdue pour la France, De Gaulle refuse l’armistice et préfère traverser la Manche pour poursuivre la guerre depuis l'Angleterre. C’est de Londres qu’il lance son célèbre appel du 18 juin 1940, sur les ondes de la BBC, peu écouté sur le moment, il est repris dans les journaux encore libres du sud de la France puis affiché dans les rues de Londres et devient le symbole de la résistance. Réenregistré le 22 juin, le jour même de l’armistice franco-allemand, le texte, exhorte ses compatriotes à ne pas cesser le combat contre l’Allemagne nazie. Le 28 juin, de Gaulle est reconnu par Winston Churchill, comme le chef des Français libres. Contrairement à une idée répandue, la phrase « La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre ! » n'est pas une phrase extraite de cet appel du 18 juin. En fait elle se trouve dans une proclamation qu’il fit afficher sur les murs de Londres, et qui débutait ainsi : “À tous les Français. La France a perdu une bataille! Mais la France n’a pas perdu la guerre!”. Cette affiche est placardée en Angleterre début août, puis publiée dans le 1er, et unique, numéro du Bulletin officiel des Forces françaises libres, le 15 août 1940.

Ce document s’adresse aux Français exilés, les encourageant à rejoindre le général dans les Forces Françaises Libres, mais aussi aux français restés sur le sol national, pour les pousser à intégrant le mouvement balbutiant de la Résistance.

 

"Paris, Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! Mais Paris libérée ! "

 

Durant le conflit De Gaulle organise et unifie la résistance depuis son exil, y parvenant notamment grâce à l'appui de Jean Moulin. Le 3 juin 1943, le Comité français de la libération nationale (CFLN) est créé à Alger. Il s'agit du gouvernement de la France libre. Les Alliés le reconnaissent comme leur seul interlocuteur français. En octobre, De Gaulle prend seul les rênes du CFLN qui devient, en juin 1944, le Gouvernement provisoire de la République française.

Ce même mois de juin 44, le 14 plus précisément, marque le retour du général en France. À ce moment les alliés prennent le dessus sur les Allemands. Dans la nuit du 24 au 25 août 1944, Paris est libéré. Le 25 août 1944, de Gaulle, prononce à l'Hôtel de ville un discours à la population dont un extrait est resté célèbre : "...Nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes, nous le sentons tous, qui dépassent chacune de nos pauvres vies. Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière : c'est-à-dire de la France qui se bat. C'est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle."

Le lendemain, le général défile sur les Champs-Élysées, au milieu d’une foule considérable, qui lui fait s’exclamer “Ah c’est la mer !”



"Je n'imagine pas Jeanne d'Arc mariée, mère de famille et, qui sait, trompée par son mari"

Passée l’euphorie de la libération de Paris, De Gaulle prend la tête du gouvernement provisoire, avant d’en être officiellement élu président, le 13 novembre 1945. Pour éviter les conflits internes il forme un gouvernement d’unité nationale, regroupant la grande majorité des courants politiques de l’époque, et notamment les communistes.

Refusant de confier à ces derniers un ministère d’importance, le général voit le climat se dégrader au sein du gouvernement. Il peste contre cette politique des partis : “on ne peut servir à la fois la France et son parti” et s’emporte contre les députés : « ils s’imaginent qu’on peut gouverner avec des palabres ; eh bien, qu’ils essaient ». Le projet de constitution qui se profile pour la future IVème république, lui semble accorder trop de pouvoirs au parlement et pas assez au président.

Mi-janvier, De Gaulle a pris sa décision, il ne veut plus participer à ce jeu parlementaire, le 14 il fait part à Jules Moch, son ministre des transports de son intention de démissionner. Alors que Moch tente de le convaincre de rester, De Gaulle lui répond : « Vous avez peut-être raison, mais je n’imagine pas Jeanne d’Arc mariée, mère de famille et, qui sait, trompée par son mari »

Fidèle à son choix, de Gaulle annonce sa démission le 20 janvier 1946. Après avoir créé et dirigé son parti, le Rassemblement du Peuple Français, il se retire de la vie politique en 1953 et entame ce que Malraux appellera sa « traversée du désert ». Durant cette période le général se retire dans son fief de Colombey-les-deux-églises (Haute-Marne), où il rédige ses “Mémoires de guerre”

 

 

Vous êtes un homme politique. C’est bien. Il en faut. Mais, en certaines circonstances, les hommes politiques doivent savoir se hausser au niveau des hommes d’État”

Après 5 ans de retrait de la vie politique, le général de Gaulle fait son grand retour au printemps 1958. À un moment où la IVème république connaît une grave crise : son instabilité chronique, due aux changements d’alliances, a paralysé le parlement et les gouvernements ne cessent de tomber. Cette instabilité gouvernementale est d’autant plus handicapante que depuis 1954, de graves problèmes apparaissent en Algérie.

Le 15 mai, plusieurs personnalités, surtout militaires, réclament le retour de De Gaulle. Ce dernier est reçu par le président de la République René Coty et lui expose les conditions de son retour : il réclame les pleins pouvoirs durant six mois, et la soumission au peuple d’une nouvelle constitution. Le 28 mai de Gaulle, qui a refusé toute prise de pouvoir non démocratique, malgré le soutien de l’armée, est appelé à la présidence du conseil par Coty.

Le 31 mai une réunion au sommet est organisée, peu avant le vote d’investiture de l’assemblée nationale. Sont présents à cette réunion le Général de Gaulle et les présidents des différents groupes parlementaires. Au cours de cette réunion, seul François Mitterrand, président du groupe socialiste, critique le Général en qui il voit un futur tyran. La réponse de de Gaulle est cinglante : “Vous êtes un homme politique. C’est bien. Il en faut. Mais, en certaines circonstances, les hommes politiques doivent savoir se hausser au niveau des hommes d’État”. Le lendemain, 1er juin 1958, l’Assemblée investit de Gaulle par 329 voix contre 224. Dès le 3 juin, deux lois sont adoptées par l’assemblée nationale : l’une autorise la révision de la constitution de la IVème république, l’autre donne les pleins pouvoirs pendant 6 mois à de Gaulle.

Le projet de nouvelle constitution, proche de celui que De Gaulle avait présenté en 46, est adopté à une large majorité par le parlement, puis par le peuple, via un référendum, le 28 septembre 1958. La Vème république est née, caractérisée par un exécutif plus puissant que sous la précédente. Dans la foulée Charles de Gaulle est élu président de la République par un large collège électoral, le 21 décembre 1958, avec 78,5 % des suffrages.

 


“Je vous ai compris”

 

En parallèle de son retour au pouvoir, de Gaulle doit gérer la crise algérienne. La colonie, conquise entre 1830 et 1848 compte plus de un million de pieds noirs (français vivants en Algérie) et environ 9 millions d'Algériens "purs souche". Ces derniers sont exaspérés par les inégalités sociales, économiques et politiques entre eux et les pieds noirs. Plusieurs manifestations et incidents ont eu lieu dès les années 1930. Mais le début officiel de ce qu'on appellera la guerre d'Algérie a lieu le 1er novembre 1954, avec la création, par les indépendantistes algériens, du Front de Libération National (FLN), rapidement auteur d'une série d'attentats contre les pieds noirs. L'armée française réprime sévèrement ces attaques, tandis que le gouvernement de métropole tente d'améliorer l'intégration des Algériens. Las, le FLN continue de semer la terreur. L'escalade de violence entre les 2 camps fait craindre une guerre civile, 400 000 soldats français sont dépêchés sur place. Début 1957, le général Massu et ses 6 000 parachutistes obtiennent les pleins pouvoirs et ont pour mission de déloger le FLN. Cette "épuration" entrainera de nombreux actes de tortures et d’exécutions, qui elles-mêmes engendreront des représailles sanglantes de la part du FLN.

Au mois de mai 1958, les militaires français font un putsch à Alger, où ils remplacent une administration qu'ils jugent trop pro-algérienne. Se met alors en place un "comité du salut public", avec, entre autres, le général Massu qui lutte pour l'Algérie française et va précipiter le retour de de Gaulle.

 


       De Gaulle et le général Massu

Dès son intronisation, de Gaulle se rend à Alger, le 4 juin 1958, où il s’adresse à la foule en lui disant : « Je vous ai compris ». À la base, cette affirmative semble s’adresser aux pieds-noirs, idée renforcée par le « Vive l’Algérie française ! » que De Gaulle prononcera 2 jours plus tard.

Mais la suite des événements ne semble pas confirmer cette interprétation. En effet, le 08 janvier 1961, face à l’enlisement du conflit, de Gaulle lance un référendum sur l’autodétermination algérienne, 75 % des Français approuvent cette autodétermination. En avril 1961, le président parle pour la 1ère fois d’un état algérien indépendant et souverain. Les pieds noirs et les militaires se sentent trahis, et se soulèvent de nouveau, le 22 avril 1961, c’est « le putsch des Généraux », mais cette fois la tentative de coup d’État échoue.

Finalement, les accords d’Évian sont signés le 18 mars 1962. Cette signature entraîne le cessez-le-feu immédiat sur tout le territoire algérien. À la suite du référendum du 8 avril 1962, 91 % des métropolitains approuvent ces accords, c’est un plébiscite pour la politique algérienne de de Gaulle ! Le 03 juillet, la France reconnaît officiellement l’Algérie indépendante.

De Gaulle est parvenu à sortir la France d’une crise inextricable, mais le conflit aura fait près de 500 000 victimes, dont de nombreux civils, tandis que 700 000 pieds noirs fuient l’Algérie pour rentrer en France, où leur intégration est problématique.

La phrase « je vous ai compris ! » semble avoir été une habile manœuvre de de Gaulle, lui permettant de calmer les deux camps, sans dire auquel la phrase était adressée. Mais la politique algérienne du président va attiser la haine de l’armée : l’Organisation Armée Secrète (OAS) voit le jour en 1961. Cette organisation lutte contre l’indépendance algérienne, une fois celle-ci inéluctable, l'OAS se retournera contre de Gaulle. Le 22 août 1962, le général est visé par« l’attentat du Petit-Clamart », 187 balles sont tirées, mais, par miracle de Gaulle, et sa femme, sortent indemnes du guet-apens. Profitant de l’émotion provoquée par cet attentat « le grand Charles » propose un référendum sur l’élection présidentielle au suffrage universel, celui-ci est approuvé, c' est un nouveau succès pour le général.

 

 

Pour faire le blocus de Monaco, il suffit de deux panneaux de sens interdit.”

Durant la fin de la guerre d'Algérie, De Gaulle doit gérer un autre conflit, bien moins meurtrier : une crise diplomatique avec Monaco. Cette crise a pour origine la lutte d’influence entre les 2 pays pour le contrôle de Télé Monte Carlo. Le 24 janvier 1962 le prince Rainier III de Monaco renvoie son ministre d’État. Jusque-là rien d’exceptionnel, si ce n’est que le ministre, Émile Pelletier, est français et administre Monaco au nom d’une tutelle historique qu’exerce la France sur la principauté. Ce renvoi de Pelletier provoque l’ire de de Gaulle et, surtout, lui sert de prétexte pour contester les règles fiscales qui exonèrent d’impôt tout résident du Rocher, au détriment du fisc français, qui voit dans cette loi une source de revenu non négligeable lui échapper (15 000 citoyens français à l’époque).

Le général de Gaulle réclame que les Français résidant à Monaco soient soumis aux mêmes impôts que les Français de l’hexagone. Le bras de fer franco-monégasque durera toute une année avec, comme point d'orgue, le rétablissement de postes de douane entre la Principauté et la France, dans la nuit du 12 octobre 1962. Cette nuit là 6 douaniers français bouclèrent les frontières monégasques, provoquant un embouteillage monstre.

 

C’est à cette occasion que le général de Gaulle aurait prononcé la boutade suivante : “Pour faire le blocus de Monaco, il suffit de deux panneaux de sens interdit.”. Les Monégasques, moins détendus, craignirent pour leur fragile économie, d’autant que la France menaçait de dénoncer les accords économiques entre les deux pays. Le coup de pression de de Gaulle fonctionna, les Monégasques se montrèrent plus enclins à négocier et le conflit fut réglé le 18 mai 1963, par la signature d’un accord : dorénavant les résidents français, hormis ceux installés en Principauté avant 1957, sont assujettis à l’impôt français.

 Yvonne de Gaulle, Rainier III, Charles de Gaulle et Grâce Kelly

 

" Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l'Europe ! l'Europe ! l'Europe ! mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien."


 

Prononcée à la télévision le 14 décembre 1965, entre les deux tours de la présidentielle, cette phrase de De Gaulle illustre son scepticisme vis à vis de l'Europe. Le général, qui gouverne la France lors des débuts de la construction européenne, est pour une Europe unie et zone de libre-échange, mais refuse que cette union débouche sur une fédération, au détriment de la souveraineté des États. Cette méfiance du président français vis à vis de la CEE se traduira par plusieurs actes de "ralentissement". De Gaulle met ainsi son véto à l'entrée du Royaume-Uni dans la CEE, en 1963, puis en 1967, jugeant les Anglais trop proches des Etats-Unis. A partir du 1er juillet 1965, il provoque également la crise de "la politique de la chaise vide", durant laquelle la France ne participe plus aux conseils des ministres, pour protester contre le vote à la majorité qualifiée. Cette crise durera 6 mois et verra de Gaulle remporter la bataille diplomatique. Cette phrase eurosceptique prononcée lors du débat présidentiel fera son effet, puisque de Gaulle est réélu président de la république en 1965.

 

« Vive le Québec libre ! »


Outre sa méfiance vis à vis de l'Europe, l’indépendance vis-à-vis des États-Unis est un des chevaux de bataille de de Gaulle. C'est dans cette optique que la France sort de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) en 1966 (elle ne la réintégrera qu'en 2009) et demande à ses alliés de retirer leurs troupes des bases françaises.

Dans la foulée de cette politique étrangère offensive, De Gaulle va frapper un grand coup à l'été 1967. En juillet, il est en tournée au Canada, notamment au Québec, région francophone. Le 24, au balcon de la mairie de Montréal et devant 15 000 personnes, il s'exclame « Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! Vive le Canada français et vive la France ! ». Loin d'avoir pour objectif l'indépendance de la province canadienne (même si le vote indépendantiste québécois bondit dans les mois suivants son intervention), de Gaulle cherchait surtout à mettre en avant l'existence du Québec, et son usage de la langue française, tout en défendant un de ses principes forts, l'autodétermination des peuples (qu'il avait accordé aux Algériens). Cette petite phrase fera connaître le Québec dans le monde entier, ce qui fera admettre au président française que cette déclaration, par son impact, venait effacer la dette de la France à l'égard du Québec, suite à son abandon à la fin de la guerre de sept ans, en 1763.

Le revers de la médaille de cette déclaration choc fut la tension qu’il en résulta entre les autorités canadiennes et françaises : le président dû rentrer directement en France, après avoir été déclaré persona non grata par le gouvernement canadien, les relations entre les deux pays resteront très froides, jusqu’à la démission de De Gaulle.

 

"La réforme oui, la chienlit non!"

 

Cette phrase fait suite à la révolte des étudiants, entamée le 22 mars 1968, et qui s'étend à toute la société française, pour devenir ce qu'on appellera "Mai 68". Le 13 mai entre 170 000 personnes (selon la police) et 800 000 personnes (selon les organisateurs) défilent à Paris, aux cris des "10 ans ça suffit", en allusion au 10ème anniversaire du retour du général de Gaulle. Le président, en voyage officiel en Roumanie, rentre en France le 18 mai. Le 19, il rencontre son ministre de l'information, George Gorse, et lui confie en privé "La réforme oui, la chienlit non!", c'est Gorse qui répétera cette phrase aux médias. Au même moment le nombre de grévistes est de 7 millions!
Le 24, lors d'un discours télévisé, il appelle les manifestants au calme, sans effets, ce qui lui fera dire que les français sont: "un peuple de veaux, de veaux qui se couchent". Finalement, le 27 mai sont signés les accords de Grenelle, qui marquent notamment une hausse des salaires, mais le conflit perdure.

Le 29 mai, de Gaulle, face à l'impasse des événements de mai 1968, se rend à Baden-Baden pour s'entretenir avec le général Massu, ce jour là personne ne sait où est le président français. Le 30 mai, rentré à Paris de Gaulle prononce un discours de fermeté face aux manifestations. Dénonçant la "chienlit" comme il l'avait déjà fait le 15 mai, il appelle à une manifestation pour soutenir son pouvoir et dissout l'Assemblée. Ses choix semblent efficaces puisque les contre-manifestations connaissent un grand succès (500 000 personnes) et que les gaullistes sortent vainqueurs des législatives de juin. En reprenant l'initiative sur le mouvement de Gaulle a réussi à se sortir de la situation compliquée de mai 1968. Ce retournement de situation est à la fois dû à l'émotion qu'a suscitée la disparition de de Gaulle, savamment orchestrée pour faire planer le spectre du désordre. dans l'opinion publique, à la difficulté des manifestants à trouver une alternative claire à la situation actuelle, et à une certaine lassitude vis à vis des blocages causés par la grève.

 

"Malheureusement, les Français ne sont pas toujours la France "

Pour répondre au désir de modernisation du pays exprimé lors des manifestations de 1968, Charles de Gaulle a préparé une réforme du Sénat accompagnée d’une loi sur la régionalisation. Soucieux de faire passer cette réforme, le général met sa démission dans la balance. Très vite le référendum sur cette loi s’apparente à un vote de confiance au président français. Finalement le 27 avril 1969, le « non » l’emporte par 52,41 % des voix. De Gaulle fera part de sa déception à Jacques Vendroux, son beau-frère et président de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée: « Malheureusement, les Français ne sont pas toujours la France ». Le lendemain, 28 avril 1969, il remet sa démission et quitte définitivement la vie politique et publique française. Retiré à Colombey les deux églises, il travaille sur ses Mémoires.

 

Charles de Gaulle s’éteint à Colombey-les-Deux-Eglises un an et demi après sa démission, le 09 novembre 1970.

 

 

 

 

L’homme disparaît en même temps que son sens de la formule hors normes. Pour finir en beauté citons une répartie, non historique, attribuée à de Gaulle, un soir où il assistait à une représentation théâtrale. Au moment de l’entracte, il se retrouva aux toilettes avec André Malraux, son ministre de la culture. Ils étaient l’un à côté de l’autre aux urinoirs et Malraux lui aurait dit " Belle pièce hein Mon Général ? " et De Gaulle de lui répondre “Malraux, regardez devant vous !”. Si la véracité de cet échange prête encore à discussion, elle correspondrait parfaitement à l’humour décapant de de Gaulle.

 

 

 



10/07/2014
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